Vœu relatif à la situation des travailleuses sociales et travailleurs sociaux à Paris et dans le 15e arrondissement
Conseil du 15e arrondissement - Séance du 8 novembre 2021
Vœu relatif à la situation des travailleuses sociales et travailleurs sociaux à Paris et dans le 15e arrondissement
Déposé par Aminata Niakaté, Thibaut Bragé et Arthur Wolff ; élu.e.s du groupe écologiste de Paris 15e
Dans le contexte de la crise sanitaire et sociale liée à la pandémie de Covid-19, les difficultés déjà importantes rencontrées par les travailleuses sociales et travailleurs sociaux ont été exacerbées.
Le rôle de ces dernier·es (assistant·es sociaux, éducat·trices·eurs spécialisé·es, instruct·trices·eurs de dossiers, agent·es d’accueil, agent·es administratifs des services sociaux) a été particulièrement crucial durant la crise comme celui de l’ensemble des professions médico-sociales, sans pour autant qu’ils et elles n’aient été reconnu·es comme « professions essentielles ».
Pourtant, dans un contexte de repli de l’État, de précarisation globale de la société, et où nombre de Parisiennes et de Parisiens ont basculé dans la pauvreté (près de 70 000 allocataires du RSA à Paris en décembre 2020, soit +15% de hausse en un an), leur permet d’assurer l’accompagnement quotidien des Parisiennes et Parisiens, de prendre en charge des besoins sociaux croissants et participe ainsi de manière déterminante à la réalité du lien social. Leur contribution au service public, garant de l’égalité et de la solidarité, est en ce sens essentielle.
Alors que la crise sanitaire semble progressivement s’estomper, la crise sociale pourrait être plus durable compte tenu des choix politiques nationaux actuels. Plus que jamais, il s’agit donc de marquer la considération que nous portons aux travailleuses sociales et travailleurs sociaux et à leur engagement professionnel.
Pour ces raisons, un débat organisé sur la situation des travailleuses sociales et travailleurs sociaux aura lieu lors de la séance du Conseil de Paris du 17 novembre 2021, à l’initiative des élu·es Génération·s Paris.
Le désengagement progressif et continu de l’État des politiques sociales et de l’accueil physique dans ses services se reporte de plus en plus sur les services sociaux de la Ville de Paris.
S’ajoute une réelle difficulté, antérieure à la crise sanitaire : les services sociaux sont soumis à des cadres de travail très contraints et à des conditions de recrutement et de parcours de carrière en manque de visibilité et de reconnaissance, engendrant un important manque d’effectifs.
Les conditions de travail des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux sont particulièrement difficiles car très exposées aux crises sociales qui s’accumulent dans le temps (valorisation salariale, coût de la vie Parisienne en particulier des loyers, difficulté à la déconnexion en dehors des heures de travail, perte de sens au travail ou encore charge mentale).
Les structures sociales parisiennes, parfois déjà saturées, sont confrontées à de nouveaux publics qu’il leur faut pouvoir accompagner et orienter.
De nombreux leviers peuvent être identifiés pour contribuer à revaloriser les professions sociales.
Le CASVP, conscient de ces difficultés, engage avec d’autres partenaires institutionnels et associatifs, des mesures pour tenter d’y répondre.
Suite à son dernier Conseil d’Administration, il annonce vouloir mettre en place une meilleure publicité pour le recrutement de contractuel·les et opérer une simplification des concours. Ces derniers seraient plus fréquents et mieux placés dans le temps par rapport aux sorties d’écoles. Aussi, un travail sur les conditions de reprise d’ancienneté pourrait être envisagé pour les nouvelles et nouveaux travailleuses et travailleurs sociaux.
La Ville de Paris pourrait également déployer une meilleure communication dans les écoles du médico-social et auprès des élèves de terminales. Dans le même sens, comme elle le fait déjà pour ses fonctionnaires, la Ville de Paris peut réserver des logements sociaux aux travailleuses sociales et travailleurs sociaux dans des grandes opérations immobilières.
Ce mandat est l’occasion d’engager une unification et une territorialisation de l’action sociale à Paris.
Le Paris de l’Action Sociale permettra d’accentuer la coopération territoriale à l’échelle des arrondissements, pour un meilleur maillage de l’accueil inconditionnel et des services sociaux en proximité.
Ce sera aussi l’occasion d’améliorer la coordination des portes d’entrée de nos services sociaux. Par la mise en place, par exemple, de permanences hors les murs, via les Centres sociaux notamment, en recentrant l’action individuelle sur des problématiques collectives identifiées conjointement par le CASVP, les Centres Sociaux, les EPI, les acteurs de quartiers et les Mairies d’Arrondissement.
Pour améliorer la transversalité de l’accueil et faciliter l’accompagnement des publics concernés, la Ville pourrait développer des lieux d’accueil pensés comme des « Maisons des Solidarités », accueillant à la fois les publics les plus fragiles comme les personnes sans-abri, et dans le même temps la nouvelle population d’usager·es que la crise sanitaire, économique et sociale a orienté vers les services sociaux.
La Ville pourrait aussi généraliser la formation à destination de toutes celles et tous ceux qui interviennent auprès des publics en demande d’accompagnement social, afin qu’elles et ils soient toutes et tous en capacité de conseiller dans leurs démarches et d’orienter les usager·es vers le meilleur service : la Police municipale, les agent·es des bains-douches, les salarié·es des centres sociaux...
Enfin, la Ville de Paris pourrait organiser un « Forum social » (sur le modèle du forum « Parlons Social » qui a eu lieu dans de nombreux arrondissements en 2019) à la fois à destination des travailleuses sociales et travailleurs sociaux pour valoriser leur emploi, à la fois à destination des partenaires qui participent aux actions de solidarité et de lutte contre l’exclusion sur le territoire parisien, et à la fois pour communiquer à destination de tou·te·s les Parisiennes et Parisiens et de celles et ceux qui pourraient bénéficier d’un accompagnement social et qui n’y recourent pas.
C’est pourquoi, sur proposition du Groupe des écologistes du 15ème arrondissement de Paris, le Conseil du 15 arrondissement émet le vœu que :
- Le 15ème arrondissement s’investisse pour valoriser les travailleuses sociales et travailleurs sociaux et s’implique dans les suites qui seront données au débat organisé initié par les élu·es Génération·s au Conseil de Paris le 17 novembre 2021.